Résidence virtuelle 7: Marie-Anne Schonfeld (du 31 mars au 30 juin 2019)
lundi 1er avril
Dépouillement
Arriver à l'essentiel
voir l'invisible
qui palpite doucement
au creux du ventre
se dépouiller
de nos manteaux
d'images
entrer dans le froid de la nuit
sans repère
trouver encore la force d'avancer
vers cette rencontre
du vide
fécond
mercredi 3 avril
Ouverture
Derrière
le rideau
on sait
le sang caché
la force des femmes
dans le cri de délivrance
le silence
des entrailles
comme jamais plus
au revers de la déchirure
une porte
vers ailleurs
vendredi 5 avril
Attention
Au rebours
de la nuit
il te reste
une impression vague
tes mâchoires serrées
d'avoir trop mastiqué
les mots
de l'autre monde
tu cherches
le fil ténu
afin d'amener
à la lumière
les bribes d'images
tu tisses
le manteau
à la mesure des mondes
qui t'habitent
dimanche 7 avril
Cailloux
On ramasse les galets
érodés par le temps
une douceur qui console
au creux de la main
un poids
qui assure d'être en vie
demain
on les posera là
les derniers mots auront été dits
mardi 9 avril
Empreinte
le poids
de l'indicible
colle le corps
au chemin
vers quoi avancer
à qui dire le cri du silence
on voudrait
oublier l'exil
respirer à nouveau
l'empreinte de l'obscur
console
d'être en vie
mardi 16 avril
Présence
quand s'accordent
le cri
et le silence
du monde
le souffle
renaît
on s'autorise
à laisser
le regard
jouer
de la légèreté
de la lumière
trouée dans l'obscur
dimanche 21 avril
Intimité
la lumière
dessine ses napperons
sur les murs
du printemps
le soin pris
aux entrelacs
nous enveloppe
d'une forme éphémère
on sait accueillir
le passage
des nuages
rencontre du lieu
où demeurer
lundi 22 avril
Matin
au matin
tu écoutes le monde
tu berces
doucement
les squelettes des cauchemars
tu les habilles
d'une nouvelle peau
tu entends
les gouttes de rosée
relier l'herbe aux nuages
le soleil dessine
ton ombre
jeudi 25 avril
Rencontre
Emmurée
dans le silence
la douceur
de nos mains
ramène le corps
dans l'ordre de ce qui vit
comme une fenêtre
qui s' éclaire dans la nuit
vendredi 26 avril
Centre
Sous le silence
du murmure
tu découvres
les mondes inconnus
la brèche
dénude le noyau
encore une trame
qui se dessine
la peau des songes
enfin dévoilée
dimanche 28 avril
Lisières
comment fait on
pour rester
sur le seuil
de la nuit
comment résister
à s'immerger
dans l'obscur
on sait l'ancienne
lumière
qui éclaire
la peur
qui taraude
et les traces de vivre
mercredi 1er mai
Chemin
tu boites
sur le chemin
tes ailes dépareillées
te collent à la terre
tu oscilles
entre le désir d'envol
et l'abandon
ton pas
tenace
cherche seul
la source
tapie dans le brouillard
jeudi 9 mai
Texture
Tu voudrais
parfois trouver à dire
il n'y a pourtant
que l'abandon à ce qui surgit
comme pause au silence.
la texture de l'âme
se déploie
dans les marges
samedi 11 mai
Matin
chaque matin
avec ce manque
au fond du ventre
nous allons
vers la rencontre
qui viendrait
panser la blessure
la courbe du jour
guide nos pas
le souffle
rejoint
la danse
entre nous
et le ciel
où allons nous
mercredi 15 mai
Perte
la peau ravinée
terre
rendue aride
par tant de manque
l'attente
des fertilités
juste un peu
de tendresse
pour adoucir
la brûlure
mercredi 22 mai
Dialogue
nos voix
entrelacées
enfin accordées
le silence peut venir
nous nous appartenons
l'espace
de cet instant
suspendues
dans le vide
fécond
Rencontre
nos deux voix
incertaines
qui se cherchent
en tournant
nous avons appris
à dire
ce que nous ne savions pas
nous avons traversé
les déserts
et l'aridité de vivre
dans cet accordage
l'embellie de la rencontre
nous ravit à nos corps
nous ne sommes plus
que cet instant
une lumière
suspendue
Bordure
que ce ne soit pas toi
qui reste sur le bord
du précipice
attirée par le gouffre
que ce ne soit pas moi
qui m'ancre dans la terre
afin de ne pas tomber
soyons
pour nous même
un ancrage
goûtons ensemble
ce vivre
comme un flocon de neige
sur la langue
samedi 1er juin
Marche
Celle qui marche
dans le dénuement
du pas
sait la richesse
tout à la fois
la liberté
et l'entravement
à la terre
tout à la fois
la tension vers le pas suivant
et la farouche fragilité
du corps en vie
mercredi 5 juin
Berceuse
Elle
comme la mère
de toutes les mères
dans son giron
de mots
on pourrait trouver
une enfance tranquille
une pièce de couleur
pour raccommoder
le gris
lundi 10 juin
Ostinato
À chaque pas
le combat souterrain
pour rester
debout
ne pas céder
à l'abandon
tu dresses ton corps
sur le dos du monde
qui pour mesurer
le courage qu'il faut
pour arpenter
les mains vides
mercredi 19 juin
Retour
Tu aurais retrouvé
l'unité
les mains
caresseraient doucement
tes cheveux
Il n'y aurait plus à chercher
l'horizon
se dessine
à l'arrière de ta peau
Vivante
Que faire
de ce qui s'approche
sans atteindre
un feu de vide
une chaleur qui détruit
un mouvement
vers le matin
samedi 29 juin
Résidence
celle qui laisse
la porte
entrouverte
laisse sur la table
une page blanche
en accueil
il est des rencontres
qui se passent
des corps
Écriture
Tu n'as jamais réussi
à écrire
le tranchant de vivre
et la douceur du soir
ce que tu sais
c'est cette longue approche
vers l'impossible
Quête
Au soir
auras tu dis
l'essentiel
pourras tu te taire
à jamais
sans regret